L’invitation: À la croisée du deuil et de la culture
Suivant la mort subite de son grand ami Pol Cruchten, c’est dans le deuil que Fabrizio Maltese (California Dreaming) s’envole pour la Mauritanie, à la rencontre du cinéaste Abderrahmane Sissako (Timbuktu), dans l’espoir de poursuivre le film que ce dernier avait débuté en collaboration avec Pol. Sous la narration subtile de Fabrizio, L’invitation nous transporte à travers les portes d’une immersion culturelle unique en son genre.
À son arrivée en territoire nord-ouest africain, le réalisateur commence ses démarches afin de retrouver Abderrahmane. À son grand désarroi, Fabrizio se retrouve à la quête de son guide pendant ce qui semblera être l'entièreté de son séjour. C’est alors les dunes et les vagues qui l’accompagneront dans sa découverte d’une culture étrangère.
Les talents photographiques du réalisateur sont présents et célébrés tout au long de cette œuvre. À maintes reprises, les teintes azurées de l’océan Atlantique viennent à la rencontre du désert orange de Nouakchott, tel les œuvres criantes de Basquiat. Ces contrastes, accompagnés par les mots poétiques du scripte de Stéphan Roelants, nous ouvrent les horizons sur la beauté du pays dans toute sa simplicité.
Mais le réel charme de cette œuvre se décèle à travers les aperçus de la vie locale: la cacophonie du grand marché de Nouakchott, l'abondante pêche au maquereau, la jeunesse qui court les rues. Les yeux sont le miroir de l’âme, c’est le proverbe qui nous vient à l’esprit lorsque les visages mauriciens apparaissent au grand écran. Nul besoin de dialogue, les images valent plus de mille mots.
Lorsque le documentaire tire à sa fin, on comprend que la quête de soi s’est vite retrouvée au cœur du cheminement de Fabrizio, pour qui la Mauritanie n'a maintenant plus de secrets.
Le Festival de films francophones CINÉMANIA a lieu jusqu’au 13 novembre.
Annabel Ewusi-Boisvert